Le musée d'Histoire de Nantes présente « Nous les appelons Vikings », une exposition sur ces assaillants venus de Scandinavie, réputés pour leur férocité mais bons commerçants.
On les classait juste derrière les Huns. En deux, sur l'échelle des tremblements que provoquaient les barbares et tribus venus de l'extérieur de l'ancien Empire romain.
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L'exposition « Nous les appelons Vikings », au musée d'Histoire de Nantes, dans le très beau château des ducs de Bretagne, décoiffe quelques préjugés.
Ces peignes à barbe déjà, à qui il manque des dents — mais c'est qu'il s'est écoulé quelques siècles depuis cette civilisation scandinave plutôt raffinée dont les traces s'étalent de 793 à 1066.
Plus de 500 pièces archéologiques sont présentées, des haches — qui ne servaient pas seulement, ni même essentiellement, à tuer — aux bijoux des femmes, et même à la reconstitution d'une voile de bateau des Vikings, ces Guerriers paiens et navigateurs hors pair.
Ces dames tissaient ces grandes voiles carrées dont le patchwork surprend.
Cette épée en fer, dont la garde et le pommeau sont incrustés de minces plaques de bronze, a été retrouvée en Suède.
Car s'ils prenaient la mer en été, pour aller piller leurs lointains voisins en traversant la Baltique, la Manche et même la Méditerranée, la mer Noire et la mer Rouge, et réduire des populations entières en esclavage — bien des femmes « islandaises » avaient été capturées ailleurs en Europe — le reste de l'année, les Vikings étaient... des fermiers. De l'automne au printemps, ils cultivaient leurs terres. Les fameuses haches exposées servaient d'abord à couper du bois.
Ils aimaient se maquiller
Ce sont surtout les tombes qui ont permis de retrouver de nombreux objets, témoignant d'une certaine coquetterie — ceintures et bijoux pour les femmes, épées parfois d'apparat pour les nobles — et d'un sens de l'hygiène qui les éloigne beaucoup de l'image qu'on se fait des soudards. Les ancêtres des Suédois et Finlandais possédaient déjà leurs saunas pour avoir une peau plus belle.
Et les hommes comme les femmes se maquillaient, avec un noir autour des yeux pour contraster avec ces chevelures blondes. L'exposition montre même des cure-oreilles, preuve d'un grand soin de soi.
Derrière une fascination littéraire, cinématographique et cathodique, du « Seigneur des anneaux » de Tolkien à « Game of Thrones » (on trouve à foison des nains, des géants et des elfes dans les légendes vikings), une vraie violence régnait néanmoins parmi eux, liée à l'absence totale d'État. On suit son chef, sa tribu. Les terres sont chères. La richesse fait office de pouvoir. Les Vikings sont les ancêtres d'une culture commerciale du Nord : s'ils pillent, ils vendent et échangent aussi beaucoup au Moyen-Orient.
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Familiarités
Cette exposition internationale, déjà passée par Ottawa, New-York, Sydney, Chicago, Barcelone ou Tallinn, surprend par quelques bizarreries, comme quelques photos de chats ou de chiens, ou de familles en vacances sur des peaux de bêtes, censées plaire aux enfants et montrer que les Vikings étaient des familles comme les autres.
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Même si, après tout, une très jolie figurine en ambre, en forme de chat, prouve l'existence du petit félin chez ces grands prédateurs du Nord. De l'organisation familiale au culte des morts, en passant par une écriture minimaliste sur les pierres runiques — de très brefs messages —, cette société encore mystérieuse livre quelques secrets. Dans une salle, un fils et sa mère jouent à un jeu ancêtre des dames sur un échiquier.
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Les Vikings savaient jouer, et cultiver leurs arpents de terre.
Au fond, leur monde, plus que « Game of Thrones », c'était « la Petite Maison dans la prairie ». À part l'été...
D'après
le Parisien.