Dossier : Affaire Sophie Toscan du Plantier, 25 ans de prison pour l'ex-journaliste irlandais Ian Bailey
L'accusation avait requis, vendredi, la peine maximale de trente ans de réclusion criminelle contre le Britannique Ian Bailey, jugé depuis lundi par défaut par les assises de Paris pour le meurtre en 1996 de Sophie Toscan du Plantier en Irlande. Il a finalement été condamné à vingt-cinq ans de prison et un nouveau mandat d'arrêt a été prononcé à l'encontre de cet ex-journaliste pigiste de 62 ans, que Dublin a déjà refusé par deux fois d'extrader, invoquant l'absence de réciprocité en la matière.
Le représentant de l'accusation avait demandé « une condamnation exemplaire » pour « un crime atroce, un crime barbare sur une femme qui est seule » et qui a « vécu sans doute deux, trois minutes de terreur et de souffrances ».
À l'énoncé du verdict, le fils de la victime, Pierre-Louis Baudey-Vignaud, 38 ans, s'est effondré sur le banc de la partie civile, tandis que le père de Sophie Toscan du Plantier, Georges Bouniol, 92 ans, se tamponnait les yeux et le nez avec un mouchoir blanc.
La productrice française de 39 ans, mariée au célèbre producteur de films Daniel Toscan du Plantier, avait été retrouvée morte au matin du 23 décembre 1996, en contrebas de sa maison isolée de Schull, sur la côte sud-ouest de l'Irlande. Sophie Toscan du Plantier a succombé à de multiples coups portés à la tête, et les nombreuses blessures de défense décelées lors de l'autopsie montrent qu'elle s'est farouchement débattue.
Très vite, l'un de ses excentriques voisins, le Britannique Ian Bailey, avait fait figure de suspect. Placé deux fois en garde à vue en 1997 et 1998, il a toujours nié être l'auteur du crime et n'a jamais été poursuivi en Irlande faute de preuves suffisantes.
Pour l'avocat général, il y a au contraire « une accumulation de charges » à son encontre. Il portait sur le front et les avant-bras des égratignures qu'il n'a pu se faire que dans la nuit du 22 au 23 décembre, il a « extrêmement varié » sur son emploi du temps et il a eu « connaissance d'éléments » sur le crime avant tout le monde, a souligné Jean-Pierre Bonthoux.
Ian Bailey a surtout « fait des aveux » à sa rédactrice en chef, à des amis et à un adolescent qu'il a pris en stop, et un « aveu indirect mais extrêmement détaillé » à un ex-ami et employeur, venu témoigner mardi à la barre. Le mobile est « sexuel, même si, dans son martyre, Sophie Toscan du Plantier n'a subi aucune atteinte sexuelle », a affirmé l'avocat général.
Ce soir de pleine lune, alors qu'il est alcoolisé, il vient voir Sophie Toscan du Plantier parce qu'« il la désire », « elle essaye de se sauver et malheureusement il la rattrape, il la frappe [...] et l'achève », a avancé l'avocat général. « Un crime atroce, barbare sur une femme qui est seule » et qui a « vécu sans doute deux, trois minutes de terreur et de souffrances ».
L'accusé n'étant ni présent ni représenté par un avocat, il a été jugé selon la procédure du « défaut criminel » et ne peut pas faire appel du verdict. Mais s'il se constitue prisonnier, ou s'il est arrêté avant que la peine prononcée ne soit éteinte par la prescription, l'arrêt de la cour d'assises sera annulé et il sera rejugé, cette fois-ci en sa présence.
En Irlande, le système judiciaire est totalement différent puisque c’est l’Habeas Corpus qui prévaut. De plus, au moment des faits, les moyens de police scientifique et d’enquête n’étaient pas ceux que l’on connaît maintenant.
Il n’en demeure pas moins qu’il y a eu pas mal de loupés, hélas.
En plus de 25 ans de prison, Ian Bailey, est condamné à ne plus sortir d’Irlande
D'après Le Point