25 Avril 2017
D'après un article de Sciences et Avenir,
Article remis à jour régulièrement.
C'est la conclusion de quatre ans de travaux menés par des chercheurs de l’Institut Pasteur et du CNRS, publiés dans la revue Cell. Une différence liée notamment à l'héritage que les Européens tiennent de l’Homme de Néandertal.
Pour parvenir à cette conclusion, les chercheurs ont décodé l'ensemble des gènes de la réponse immunitaire de 200 individus Européens et Africains. Plus précisément, ils ont séquencé la totalité de l’ARN (acide ribonucléique, macromolécule support de l’information génétique comme l'ADN) de ces individus pour caractériser la manière dont des cellules actrices de la réponse immunitaire innée, les monocytes, répondaient à l'attaque de bactéries ou virus (tel le virus de la grippe).
Premier constat : Européens et Africains diffèrent dans l’amplitude de leur réponse immunitaire, notamment pour certains gènes impliqués dans les réponses inflammatoire et antivirale. Ces différences sont en grande partie dues à des mutations génétiques, différemment distribuées entre Africains et Européens, qui modulent l’expression des gènes de l’immunité.
De manière surprenante, selon des processus indépendants jouant sur des gènes différents, la sélection naturelle a abouti, chez les populations d’Europe et d’Afrique, a un même résultat : diminuer la réponse inflammatoire. "Cet exemple d’évolution, dite convergente, vient confirmer que bien que protégeant efficacement des infections, une réponse immunitaire trop forte, comme dans le cas des allergies ou des maladies auto-immunes, est à éviter", explique l'Institut Pasteur.
"En fait, il y a une balance entre trop et pas assez de réponse immunitaire, dont le point d'équilibre peut varier selon l'environnement", précise à Sciences et Avenir Céline Bon, paléogénéticienne au Muséum national d’Histoire naturelle de Paris.
"L'environnement des chasseurs-cueilleurs du paléolithique était beaucoup plus riche en micro-organismes et en pathogènes que celui de leurs descendants vivant dans une société moderne. D'où le fait que des variants autrefois bénéfiques peuvent aujourd'hui causer des allergies, par exemple."
En 2016, deux études ont mis en évidence l'influence de Néandertal sur notre santé : la première montre que l'homme moderne a hérité des allergies il y a environ 40.000 ans, à la suite de croisements avec des Néandertaliens et Dénisoviens, la deuxième révèle un lien entre nos gènes hérités de notre cousin éteint et des troubles aussi vastes que l'addiction à la nicotine, la dépression, le dérèglement du métabolisme...
Toutefois les études se succédant et variant leur méthodologie ne trouvent pas toujours les mêmes gènes néandertaliens dans les mêmes proportions dans une population donnée... "Deux sont toutefois cités dans toutes les études : POU2F3 (prolifération et différenciation de cellules de la peau, les kératinocytes) et les TLR1-6 (complexe de gènes très importants associés à la réponse immunitaire innée)", conclut la spécialiste.
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